Nous l’avouons, à première vue, le titre de cet article est quelque peu déconcertant voire provocant. Mais les résultats actuels de la recherche sur le stress montrent qu’une réaction de stress n’est pas toujours négative et ne nous rend pas malade en soi. Bien au contraire – elle peut s’avérer utile, pour faire face aux multiples injonctions que la «folie ordinaire» du quotidien nous impose
Mais qu'est-ce que le «stress» au juste?
Tout d’abord, le stress est une réaction tout à fait naturelle de l’organisme, qui nous permet, nous êtres humains, de gérer les contraintes physiques et psychiques. Il aide à augmenter rapidement nos capacités de performances. Palpitations, respiration plus rapide et peu profonde, tensions musculaires dans la nuque, les épaules et le dos, accès de transpiration, nervosité ou bouche sèche, toutes ces manifestations nous indiquent que le corps s’arme activement pour venir à bout de la situation. C’est un cocktail complexe d’hormones comme l’adrénaline, la noradrénaline, le cortisol, la dopamine, etc., qui se met en place pour aider le corps.
D'où vient son incommensurable mauvaise réputation?
Si une réaction de stress a mauvaise réputation, la raison remonte aux premières recherches sur le stress chez les rats. On les a exposés à des angoisses de mort, à la faim, au froid et à d’autres situations extrêmes. Mais le stress dont souffrent les rats de laboratoire n’a rien à voir avec le stress quotidien de l’homme. Et il n’y a pas non plus uniquement l’antique «réaction de fuite / combat», bien ancrée dans l’évolution. Les réponses très stimulantes que sont la «réaction de défi» d’une part, et celle consistant à «tendre la main et devenir ami» (tend-and-befriend response) d’autre part, soutiennent les personnes dans diverses situations.
Dans toutes les réactions de stress, le corps a besoin d’énergie, dont la disponibilité dépend largement de l’alimentation. Tous les processus métaboliques (digestion, respiration, chaleur corporelle et bien d’autres) sont pilotés par quelque 2500 enzymes. Pour pouvoir travailler, ces enzymes ont besoin de coenzymes, soit des vitamines et des substances minérales. Le stress permanent – et surtout la réaction de fuite / combat – mobilise bien plus d’énergie supplémentaire et épuise donc très rapidement le «réservoir» de substances vitales. Il réduit malheureusement aussi la production d’enzymes digestives, diminuant ainsi l’absorption des substances vitales issues de l’alimentation dans l’intestin. Les vitamines B1, B6 et B12, la vitamine C, la coenzyme Q10, le calcium, le fer, le magnésium et le zinc sont les plus importants.
Vitamine B
L’apport en vitamines B est particulièrement concerné ici. Elles ont une influence directe sur l’état émotionnel, la tension nerveuse et les performances intellectuelles. Elles sont nécessaires notamment à la production de noradrénaline et de sérotonine, ce qui en fait d’importantes «substances messagères pour les sentiments». Et comme ces vitamines participent aussi à la transmission des impulsions nerveuses au cerveau, la diminution des performances et les difficultés de concentration apparaissent plus rapidement en cas de stress permanent.
Magnésium
Le magnésium participe lui aussi à la transmission de l'influx nerveux. Il amortit la transmission de l'excitation nerveuse et musculaire et bloque la libération des hormones de stress comme la noradrénaline. Un taux de magnésium insuffisant vient aussi affaiblir le système immunitaire. Sans magnésium, la vitamine C voit son action fortement compromise, avec des tremblements musculaires, une hyperexcitabilité ou des troubles de la concentration. Un taux de magnésium suffisant constitue donc en soi une protection efficace. Strath Vitality avec magnésium
L’énergie corporelle est commandée par le système nerveux végétatif. Le sympathique correspond à la pédale d’accélérateur – c’est lui qui alimente nos organes en énergie. Son adversaire, le parasympathique ou nerf vague, freine l’énergie du sympathique et veille au calme et à la détente. Dans l’idéal, les deux systèmes obtiennent satisfaction: aux phases d’activité succèdent ainsi suffisamment de phases de pause et de sommeil réparateur. Une vie menée en «mode essentiellement sympathique» affaiblit l’ensemble de l’organisme, entrave à long terme les fonctions hormonales (par ex. thyroïde) ou entraîne des troubles du rythme cardiaque.
Conseils
Kit d’urgence anti-stress
- Une playlist avec vos chansons gaies préférées.
- Vos photos préférées dans le portefeuille, sur le bureau ou dans le téléphone mobile.
- Une odeur (parfum ou huile essentielle), qui vous donne le sourire.
- Une petite gourmandise dans le sac à main ou sur le bureau.
- Un objet tactile, un coquillage – quelque chose qui vous remplit de bons souvenirs lorsque vous le prenez en main.
- Un poème, un dicton qui vous interpelle, vous touche ou vous donne du courage. John Lennon a dit: «La vie, c’est ce qui arrive pendant que vous prévoyez autre chose…»
Et maintenant, place aux bonnes nouvelles
Dieu merci, de nos jours, nous sommes très rarement confrontés à des situations dans lesquelles une réaction de fuite / combat instantanée est nécessaire ou judicieuse. Néanmoins, ses processus biologiques sont toujours utiles, même si nous ne devons pas fuir une situation éminemment dangereuse. Grâce aux cycles hormonaux complexes, le corps et le cerveau disposent en un instant de l’énergie nécessaire. Ils peuvent libérer des forces physiques insoupçonnées, mettre tous nos sens en éveil et aiguiser notre perception. Ce qui est accessoire passe à l’arrière plan. Les neurotransmetteurs comme la dopamine ou l’endorphine transmettent un élan de motivation et une humeur euphorique. Cette réaction nous aide aussi à bien gérer des situations inhabituelles et inattendues.
Dans les situations de stress moins menaçantes, comme des difficultés sur le lieu de travail, le cerveau et le corps basculent en réaction de défi. Cette réponse, qui fait appel à une autre composition chimique du cocktail hormonal, active des réactions physiques différentes. Ici aussi, nous avons l’énergie nécessaire. Les hormones que sont la sérotonine et la dopamine boostent la chimie du bien-être. Mais nous sommes sans crainte, hautement concentrés, créatifs et nous investissons pleinement dans notre travail. Nous récupérons plus rapidement de ces situations de stress, prenons confiance en nous et en tirons les enseignements.
À toi de jouer maintenant?
Conseils face aux réactions de stress
Amitiés: le remède contre le stress
Une autre réaction de stress ayant un effet positif est celle qui consiste à «tendre la main et devenir ami». Cette réponse, commandée par l’hormone qu’est l’ocytocine, nous motive à nous lier aux autres. Cette «hormone de tendresse» est notamment libérée lors des étreintes, de l’activité sexuelle et de l’allaitement. Elle crée une demande de contacts sociaux, renforce la confiance en autrui et nous rend plus serviables et altruistes. Dans les situations de stress, elle atténue la peur et agit comme un véritable facteur d’encouragement. Sur le plan physique, elle aide notamment notre système cardio-vasculaire à se remettre plus vite des conséquences négatives d’une situation de stress. L’évitement compulsif de toute situation de défi nous prive donc aussi d’expériences sociales importantes. Nous nous isolons et nous décourageons.
Le dernier stade d’une réaction de stress est la phase de récupération. Diverses hormones se chargent de restaurer l’équilibre de notre système nerveux. Le cerveau traite et intègre l’expérience. Il apprend, de nouvelles connexions nerveuses se développent, et celles existantes deviennent plus denses et plus stables. Les émotions comme la joie, le soulagement, la tristesse ou la colère aident le cerveau à traiter et évaluer la situation surmontée. Autrement dit, notre organisme, parallèlement à l’activation, a toujours une compensation toute prête, qui se déroule aussi naturellement – mais plus lentement – comme la «mobilisation» du corps.
Réaction de stress
Essaie donc
Peut-être que tu te demandes maintenant si tu peux influencer toi-même les réactions de stress au quotidien? Oui, tu le peux! Les convictions et la philosophie de vie joueront un rôle essentiel à cet égard. Elles sont le résultat de nos expériences, de notre éducation, de l’environnement social et du milieu culturel dans lequel nous vivons. La plupart du temps, elles s’impriment en nous inconsciemment, dirigent et influencent nos pensées et nos actes.
Ces convictions interviennent aussi dans l’évaluation des réactions de stress: un groupe de participants à une étude aux États-Unis avait la conviction que «le stress était nocif et donc à éviter impérativement». Chez ce groupe, tous les effets physiques et psychiques négatifs du stress se sont accrus, jusqu’à une espérance de vie plus courte. Dans le groupe de comparaison, on avait travaillé sur la conviction que le «stress était utile». Les participants avaient reçu des informations complètes sur le fait que le stress augmentait notamment les performances, la productivité et la joie de vivre, ou facilitait l’apprentissage. Ce groupe s’est clairement avéré en meilleure santé, plus satisfait, plus énergique et plus productif au travail. Ses membres ont ressenti les situations de stress comme un défi à relever et non comme un problème insurmontable. Ils avaient développé une plus grande confiance dans leurs capacités et ont réussi à extraire du sens y compris dans des situations difficiles.
Conseils de lecture
Kelly McGonigal: Glücksfaktor Stress, Trias Verlag, ISBN 978-3-432-10521-5
Prof. Dr. med. Gerd Schnack: Der große Ruhe-Nerv, Herder Verlag, ISBN 978-3-451-06853-9
Klaus Bernhardt: Depression und Burnout Loswerden, Ariston Verlag, ISBN 978-3-424-20205-2
